Journée de la Liberté de la Presse : Des professionnels de médias expriment leurs préoccupations

7
620

La Journée Internationale de la Liberté de la Presse est célébrée le 03 mai de chaque année à travers le monde. Cette année, elle coïncide avec une crise sanitaire mondiale aigüe liée à la maladie à coronavirus qui a occasionné des milliers de morts dans le monde

En effet, notre rédaction a joint au téléphone, ce matin, quelques professionnels de la presse guinéenne qui dans l’ensemble ont appelé aux respects des mesures barrières pour endiguer la pandémie.

Boubacar Yacine Diallo, PDG de la radio Horizon FM, ‘’Une dangereuse épidémie de désinformation…’’

« En cette journée du 03 mai, Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, je voudrais m’associer tout d’abord à la douleur de tous ceux qui souffrent de la pandémie aujourd’hui, et en particulier nos confrères journalistes. Je me réjouis que la plupart d’entre eux soit rétablis et je souhaite prompt rétablissement à tous ceux qui sont encore hospitalisés. 

Comme vous le constaterez donc, cette journée va être célébrée à distance, c’est à dire que nous ne pourrons pas organiser des manifestations comme à l’accoutumée. Malgré tout, nous allons rappeler quelques principes. 

Cette année, l’UNESCO a souhaité que cette année la Presse fournisse une information indépendante et fiable, essentielle en tant de crise. Nous vivons une double crise, une crise sanitaire et une crise économique.  

D’ailleurs, le secrétaire général des Nations-Unies a décrit ce qui se passe aujourd’hui comme une dangereuse épidémie de désinformation. Il a été établi par exemple, que plus de 170 millions de tweets ont été produits par des robots. Et que, au moins 40% des informations diffusées sur la pandémie n’étaient pas fiables.  

Je voudrais donc, au regard de toutes ces situations, engager nos confrères à faire un travail de service public. En temps normal nous diffusons une information indépendante, recoupée, et nous courons aussi derrière le scoop. En cette période, je pense que nous devrions plus privilégier la retenue quand il s’agit par exemple d’annoncer les décès. Il a été révélé que des enfants ont appris le décès de leur papa sur les réseaux sociaux. Je pense que ce n’est pas recommandable. 

Je demande donc aux journalistes d’accompagner cette campagne médiatique, visant la sensibilisation de nos concitoyens afin que cette maladie soit définitivement enrayée de notre pays et aussi de notre planète.   

Je souhaite une bonne journée de liberté de la presse et nous allons la célébrer à distance pour respecter les barrières sanitaires édictées par l’OMS et par notre propre pays ».

Talibé Barry, Directeur Général du Groupe de presse City FM – La République / Administrateur Objectif 224 « Envisager la fin du COVID-19 en ignorant les journalistes et les médias, c’est faire fausse route », dixit Talibé Barry. 

« On a dès les premières heures du COVID-19 en Guinée, une vague de journalistes a été contaminée, et nous avons vécu ça avec beaucoup de peines. Heureusement, cette première vague s’en est sorti indemne même s’il se passe que des journalistes continuent d’être testés positifs au COVID-19. L’observance des gestes barrières doit être de mise au sein de la corporation.  

L’autre aspect c’est que cette vague de contamination prouve que les hommes de la presse que nous sommes, se trouvent davantage exposés à la contamination au regard même de la quintessence de notre métier. Nous pratiquons un métier de contact, nous partons vers tout le monde et parfois tout le monde vient vers nous. Donc, pendant cette période, il faut préserver d’abord les vies. 

Dans le plan de riposte contre le COVID-19, le cas des journalistes et de la presse ne fait pas expressément mention. Alors qu’au moment où ce plan a été publié, nous avions un grand nombre de nos confrères qui étaient encore alités. 

L’un des volets indispensables de la lutte contre le COVID, c’est la communication, et celle-là ne peut pas se faire de façon objective et réussie sans l’implication des médias. C’est nous-mêmes les principaux vecteurs.  

Il est important que cette presse qui va se débattre dans des difficultés énormes, que cette presse soit au plus près possible accompagnée par l’État en cette période d’arrêt périodique des activités économiques ». 

 

Mamadou Sagnane, journaliste-reporter à Mosaiqueguinee.com « …allouer un budget conséquent aux médias »

« Je demande à nos confrères d’observer scrupuleusement les mesures édictées par les autorités sanitaires pour prévenir cette maladie. En même temps, je souhaite prompt rétablissement à l’ensemble des malades du COVID-19, particulièrement les journalistes. 

Ensuite, j’appelle les autorités à accompagner financièrement les journalistes pendant cette période, puisque c’est nous qui sommes largement exposés. Malgré la propagation de la maladie, les journalistes sortent sur le terrain pour aller recueillir des informations. 

Donc, les autorités devraient penser à venir en aide aux journalistes au niveau des différentes rédactions. Même s’il faut leur allouer un budget conséquent afin de les aider à surmonter certains besoins.  

Enfin, j’invite tous les hommes de médias guinéens à être très prudents sur le terrain pour éviter cette maladie ».

Amadou Tidiane Diallo, journaliste-reporter au Groupe de presse L’Indépendant – Le Démocrate ‘’Les journalistes stigmatisés et rejetés…’’

« Pendant cette période de pandémie, les journalistes souvent sont stigmatisés sur le terrain. Je suis actuellement à Boké, mais quand je sors sur le terrain pour un reportage par exemple, les gens n’acceptent pas qu’on s’approche d’eux, parce qu’ils estiment que nous sommes constamment en contact avec les grandes personnalités. Et l’opinion pense que c’est ces hauts cadres qui portent la plupart le virus. Donc, même dans les foyers, dans nos propres familles, on est stigmatisés »

Panel réalisé par Mamadou Alpha Baldé

7 COMMENTS

LEAVE A REPLY