La nouvelle gestion publique : remède d’une administration publique anachronique et pervertie (Par Mamady II Camara)

0
753

Le New Public Management est un modelé gestion empruntée du secteur privé pour corriger les tares et imperfections de la bureaucratie wébérienne (Marx Weber). La Nouvelle Gestion Publique ‹ NGP », certes modèle tendanciel, n’est pas nouveau dans la nomenclature des modes de management public bien que sa dénomination (New Public Management) vienne récemment du politologue anglais Christopher Hood qui en a vanté ces mérites dans son célèbre discours de 1991, mais il fut au cœur de la reforme administrative britannique depuis les années 1980 sous la gouvernance de la première ministre Margaret Thatcher « la dame fer » (1979-1990). Tout comme au Québec par extension au Canada qui en a fait de même et continue à en faire perpétuellement à travers les nouveaux outils et approches de gestion administrative (la gestion axée sur les résultats GAR) au niveau fédéral tout comme provincial, tout de même qu’aux États-Unis, en Australie le modèle a fait ses preuves. C’est pourquoi l’administration guinéenne doit s’en inspirer pour corriger ses dysfonctionnements dont on sait tous puisqu’elle est du prototype bureaucratique wébérien avec tous les maux qui riment avec les antonymes d’efficacité et d’efférence, en clair inefficace, inefficient, lenteur administrative, la bureaucratisation à outrance des procédures, administration politisée et pervertie au service du politique qui en fait son instrument de gestion au visée électoraliste et cela depuis des années après la conférence de Baule le 20 juin 1990, avec une approche holistique, certains disent même qu’avant celle-ci en remontant jusqu’au premier régime guinéen, sans occulter l’opacité de la gestion des derniers publics et la sempiternelle question de responsabilité (ordonnateur principal ou secondaire versus comptable) lorsqu’il y a malversation financière, la NGP peut en résoudre par le principe de séparation des responsabilités. . L’approche de la gestion axée sur les résultats « la GAR » de la NGP donne plus d’autonomie et de responsabilité aux gestionnaires mais assorties de l’obligation de reddition de compte, et d’imputabilité ce qui est une solution idoine dans la gestion de la chose publique, tout comme d’ailleurs la théorie de la baïonnette intelligente sont aussi des mesures et arguments protecteurs du bien public. « On n’exécute pas un ordre illégal ». Hood en exprime quelques principes ci-dessous :

Le premier « Sigma, Lean Six Sigma LSS version actuelle labélisée par toyota -Japon » qu’Hood Christopher en a vanté préalablement en terme d’efficacité et d’efficience sauverait nos ressources. « keep is lean and purposeful » l’allocation optimale des ressources, qui prône le non-gaspillage des ressources et la frugalité.

 Le second principe « Thêta » qui s’exprime en ces termes « Keep It honest and fair » reste honnête et juste, met l’accent sur le respect des règles et la probité morale.

Le troisième principe « Lambda » qui a trait à la capacité de resilience et de réadaptions des administrations publiques. « Keep it robust and resilient ».

Par ailleurs pour rendre digeste et accessible l’approche managériale de la NGP, voici entre autres quelques principes et outils cruciaux dont toute administration soucieuse d’obligation de résultat appliquerait :

  • Séparer la prise de décision stratégique qui pourrait qui relever du pouvoir politique, de la gestion de la gestion opérationnelle qui est sous la responsabilité de l’administration (gestionnaires), distingue aussi les tâches de financeurs, acheteurs et prestataires de services publics, et comme outil la fixation des indicateurs de performance à atteindre dans un délai imparti entre les autorités politiques (parlement et gouvernement) et les responsables de services administratifs  (gestionnaire) au service du citoyen contribuable, citoyens clients des services publics.

Par ailleurs pour une meilleure compréhension et appropriation du New Public Management, voici ci-dessous quelques principes :

  • Réduire la hiérarchie et amincir la bureaucratie sans la supprimer, décentraliser certaines activités et déléguer la gestion au niveau le plus bas (selon le principe de subsidiarité). Avec pour outil la création d’Agences exécutives et de structures organisationnelles flexibles ainsi que la dérèglementation de certains statuts de la fonction publique en introduisant des mandats individualisés avec le salaire au mérite, autrement appelé contrat de performance assorti de prime de performance.
  • Introduire des mécanismes de type marché « MTM » dans la production de biens et services d’intérêt général (y compris en créant des quasi-marchés). Avec pour outil : mise en concours pour la fourniture de certaines prestation (marché public), dérèglementation des monopoles.
  • Utiliser de manière efficiente les ressources publiques, avec pour outil le benchmarking (comparaison des coûts par une comptabilité analytique.
  • Orienter les prestations administratives vers les besoins des usagers « citoyen clients- citoyens actionnaires- citoyens contribuables » en les impliquant dans la définition et l’évaluation des prestations à fournir comme pour outil gestion orientée vers la qualité, charte de service public, certification de processus et enquête de satisfaction client réalisée auprès des citoyens-client, Au-delà de la littérature qui s’y est et sans entrer dans les critiques doctrinaires dont a fait l’objet la NGP (David Giauque et Daniel J, Pollitt), la Nouvelle Gestion Publique peut être adaptée à la fonction publique guinéenne et en être une solution aux maux qui l’assaillent  tous les jours. C’est une quête perpétuelle et non un acquis car chaque administration privée ou publique est permanemment confrontée aux nouveaux défis qui l’obligent aux quêtes continuent de nouvelles approches et solutions. Ce modèle de management public bien entendu NGP fut à l’épicentre de la modernisation de l’administration québécoise comme l’atteste le discours du trône en 1999 du premier ministre Lucien Bouchard qui annonça une vaste réforme de modernisation de l’administration ainsi que la réingénierie de l’État lancée par le premier Charest lancée en 2003 puis rebaptiser « la modernisation de l’administration. Les pays de l’OCDE en ont fait un instrument pour sauver les finances publiques et moderniser leurs administrations respectives pour les rendre efficace et efficiente et braver les épreuves auxquelles elles se sont exposées et s’exposeront dans la traversée du temps, donc nous devons en approprier pour en faire un instrument de développement au bénéfice de tous les citoyens

En résumé les reformes administratives constituent la clé de voûte d’une administration de développement orientée vers l’efficacité, l’efficience et gestion axée sur le résultat et cette réforme doit être dynamique car les défis sont perpétuellement présents et l’administration guinéenne n’en déroge pas exception bien qu’elle a effectué assez de reformes dans ces dernières années, reste redevable à la modernisation.

MIKIRIY MAMADY I ICAMARA

CITOYEN GUINÉEN

CANADA